l’Union Européenne pour inaction énergétique. Elle est le seul pays de l’UE à ne pas avoir atteint ses objectifs : 19,3% dans sa consommation d’énergie verte au lieu des 23,7% envisagés. Pour faire oublier ses inconséquences, Macron a donc annoncé qu’on irait « deux fois plus vite dans les projets d’EnR (énergie renouvelable) » en multipliant par dix la production d’énergie solaire et construisant une cinquantaine de parcs éoliens offshore d’ici 2050. Le projet de loi est [...]">

Energie : le projet équivoque de Macron

« Make our planet great again », avait clamé Macron en 2017. Cinq ans plus tard, la France a été condamnée à payer un demi-milliard d’euros d’amende à l’Union Européenne pour inaction énergétique. Elle est le seul pays de l’UE à ne pas avoir atteint ses objectifs : 19,3% dans sa consommation d’énergie verte au lieu des 23,7% envisagés. Pour faire oublier ses inconséquences, Macron a donc annoncé qu’on irait « deux fois plus vite dans les projets d’EnR (énergie renouvelable) » en multipliant par dix la production d’énergie solaire et construisant une cinquantaine de parcs éoliens offshore d’ici 2050.

Le projet de loi est en débat à l’Assemblée, boudé par les LR et ignoré par le RN qui ne jure que par le nucléaire. Il ne pourra donc être voté que si la Nupes et surtout son plus grand groupe, la LFI, le valide. Mais si l’objectif correspond à des urgences incontestables, le timing et le comment manquent de cohérence.

D’abord parce que la loi de programmation quinquennale sur l’énergie et le climat ne sera débattue qu’en 2023. Et que des décisions concernant le retour du nucléaire ont déjà été prises en dépit d’une absence de débats sur le contenu du mix énergétique français. Ensuite parce que les moyens demandent à être précisés. Le projet intègre la « raison impérative majeure », pour réduire les délais des procédures administratives. Mais cette « raison » ne doit pas valoir piétinement de la démocratie et de la concertation aux niveaux communaux et régionaux. En outre, les « zones d’accélérations prioritaires » ne sont pas exclusives, ce qui permettrait aux opérateurs privés de les contourner. Avec les conséquences que cela pourrait avoir notamment sur la biodiversité.

La possibilité d’une ristourne sur le prix de l’énergie à proximité de sa production n’est pas non plus dénuée d’effets pervers. Tentant comme une compensation, elle peut biaiser les consentements et perturber la continuité territoriale des installations. L’agrivoltaïsme, c’est à dire l’installation de panneaux solaires sur des terres agricoles, soulève des problèmes du même ordre. De meilleurs profits attendus d’une production électrique au détriment de la production agricole peut mettre en cause l’autonomie alimentaire du pays. Enfin, la production des panneaux et des éoliennes, respectivement en Chine et en Allemagne, devrait être rapatriée pour des raisons de souveraineté nationale, de développement technique et industriel, et d’emplois. Si l’urgence va de soi, les projets et intérêts défendus par Macron peuvent-ils s’accorder avec une politique de l’énergie fondée sur les impératifs écologiques et sociaux nécessaires ?

Jean-Luc Bertet

Crédit photo : Association nucléaire canadienne

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