30 décembre 1922 : Traité relatif à la formation de l’URSS

C’est sur la scène du Bolchoï que naît l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Le 30 décembre 1922, 2 215 délégués de la république socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) et des républiques de Transcaucasie, d’Ukraine et de Biélorussie, réunies dans le prestigieux théâtre moscovite, approuvent le traité relatif à la formation de l’URSS.

En cinq ans, la Révolution a suscité la proclamation, plus ou moins effective, d’une multitude de gouvernements qui s’en réclament. Parfois très éphémères, comme les républiques de Donetsk, du Boukhara ou encore d’Extrême-Orient, ces États demeurent en lien plus ou moins étroit avec les autorités bolchéviks établies à Moscou, siège de la RSFSR.

Les Blancs et leurs soutiens étrangers sont défaits. Mais la perspective d’une révolution mondiale s’efface : les insurrections en Allemagne et en Hongrie sont étouffées, la marche vers l’Ouest de l’Armée rouge est brisée devant Varsovie en 1920. Contraints de mener leur projet politique entourés de puissances hostiles, les bolchéviks sont amenés à lui donner un cadre pérenne. À rebours des espoirs d’hier, la dictature du prolétariat s’exercera dans un cadre étatique classique.

Quant à sa forme exacte, les avis divergent. Internationalistes, les bolchéviks ne s’opposeraient pas à un État transnational et centralisé. C’est le choix défendu par Staline, commissaire (ministre) aux nationalités. La RSFSR, qui revendique un caractère fédéral, en serait la base. Le poids de la partie russe dans le nouvel ensemble serait néanmoins prépondérant. Ce, au risque d’une marginalisation des autres peuples.

Or, la question géorgienne a laissé des traces. Dirigée par des socialistes menchéviks, la jeune république est envahie par l’Armée rouge en 1921 et fondue dans la Transcaucasie à l’instigation des bolchéviks géorgiens les plus durs, dont Staline. La bolchévisation brutale qu’ils y déploient est mal vécue localement, et provoque une violente controverse au sein du Parti. Les accusations de chauvinisme grand-russe fusent.

C’est pourquoi la solution d’une fédération des républiques socialistes existantes, au caractère ouvertement plurinational, est retenue. Le traité de 1922 (qui ne sera jamais formellement ratifié) puis la constitution promulguée en 1924 répartissent les compétences entre les niveaux de pouvoir. L’entité qui en résulte doit permettre de conjuguer autonomie et diversité culturelle avec la construction d’une société égalitaire. De cette préoccupation, réelle les premières années, le centralisme stalinien aura bientôt raison.

Thibaut L.

Image : Déclaration sur la création de l'URSS et traité relatif à la formation de l'Union des républiques socialistes soviétiques

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