Comme un anachronisme

Les jours qui passent depuis l’invasion de l’Ukraine sur ordre de Poutine semblent hors du temps. Les bombes, la population qui résiste, qui fuit ou qui se protège comme elle peut. Les tensions autour des frontières en Europe jusqu’alors considérées par le discours dominant comme appartenant au siècle précédent, font pourtant bien l’actualité. Nous voici avec la guerre en Europe, dans un 21ème siècle où il y avait déjà tant à faire et qui rend la situation tellement plus dangereuse.

Car c’est une guerre à l’heure du nucléaire. Militaire, la dissuasion ayant laissé place à la menace effective de destruction. Civile aussi, avec autant de risques majeurs que de centrales nucléaires, comme l’incendie provoqué par les bombardements dans la centrale de Zaporojie l’ont montré. Jamais l’objectif de sortie du nucléaire n’a paru aussi évident.

Car le contexte est aussi celui du rapport alarmant du GIEC publié début mars, indiquant qu’un tiers de l’humanité vit actuellement dans un endroit vulnérable au changement climatique et qu’il y a urgence à bifurquer de modèle. L’énergie de l’humanité tout entière devrait être concentrée vers cet objectif vital. Jamais le programme de rupture écologique de l’Avenir en commun n’a paru si incontournable.

Alors à un mois de l’échéance démocratique majeure pour notre pays, la déclaration de candidature du Président sortant est marquée elle aussi d’un fort anachronisme. Le tableau qu’il y fait de la France et de son action des 5 dernières années ne correspondent pas à la réalité vécue. Recrutements d’enseignants et de magistrats, investissements dans l’hôpital. Faux ! Ces services publics n’ont jamais été autant à l’agonie. Baisse inédite du chômage. Faux ! Précarisation des travailleurs et explosion des contrats courts et de l’intérim.

Quant aux perspectives que Macron donne pour les 5 années à venir, son logiciel est resté scotché dans les années 1980 : investissement dans le nucléaire et travailler plus en baissant les impôts. Les mots paraissent si creux et si réchauffés. La promesse du renouveau ne pourra pas cette fois suffire à duper le peuple. « Des enseignants plus libres, plus respectés et mieux rémunérés », « des maisons de retraite plus humaines », « [faire] reculer les déserts médicaux » : rien n’a été engagé depuis cinq ans. Sans parler une fois encore de l’absence totale de mesures écologiques concrètes.

De tout ça il faut débattre, avec le candidat Macron, même si le contexte international est singulier. La guerre en Ukraine ne peut pas justifier une campagne présidentielle en sourdine. Marquer son opposition à Poutine et à ses folies guerrières et autocratiques passe aussi par le maintien d’une vie démocratique intense à l’approche d’une échéance aussi majeure. D’ailleurs, c’est sur les questions internationales que Jean-Luc Mélenchon avait proposé un débat avec le Président – candidat Macron.

Le contexte actuel rend ce temps de la contradiction argumentée, sans raccourcis et à la hauteur de la gravité du moment, absolument nécessaire.

Claire Mazin

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