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Un air de déjà vu

Le service public de radiodiffusion française a organisé jeudi 11 février une causerie au coin du feu entre Marine Le Pen et Gérald Darmanin. Pour rire, les réseaux sociaux ont rebaptisé l’émission Faf à Faf. On sait, depuis que Jean-Luc Mélenchon a gagné en justice contre Marine Le Pen, que la qualifier de fasciste n’est pas une injure mais bien une qualification politique. On ne qualifiera pas le ministre de l’intérieur de fasciste, pourtant il joue un rôle dangereux. Dans la course à l’échalote sécuritaire et discriminatoire, il risque d’oublier que souvent l’original l’emporte sur la copie. Les mesures prises en matière de contrôle des populations, le soutien constant aux dérives policières qu’il n’entend pas juguler tant il a intégré la violence dans son nouveau schéma de sécurité, et surtout les vannes ouvertes à la parole raciste par la loi contre le séparatisme sont autant de signes donnés à l’électorat de droite et d’extrême droite.

La mise en avant de Marine Le Pen constitue l’autre face de la médaille. Il s’agit d’installer la menace pour convaincre les électeurs progressistes rebutés par les mesures antisociales et discriminatoires du gouvernement de voter quand même Emmanuel Macron aux prochaines élections. Le service public, suivi par la cohorte des chroniqueurs bien-pensants, installe le paysage de la campagne de 2022. À coups de sondages, à coups de dénigrement de l’opposition combative ; ils font tout pour que le Président de la République et ses ministres n’aient pas à être tenus responsable de la gestion calamiteuse de la pandémie. Ils ont raté la prise en compte du démarrage de la pandémie. Ils ont raté la mise à disposition des masques et pour cela ont menti aux français. Ils ont parié sur le marché pour gérer les tests, du coup ils sont incapables de mettre en œuvre les dispositions minimales indiquées par l’OMS depuis… mars 2020. Ils ratent désormais la vaccination, et n’osent pas perturber le marché en produisant directement des vaccins ou en-en faisant un bien commun universel. Mais de cela l’élite médiatique ne les tient pas responsables. Toutes les excuses sont bonnes, et le coupable idéal est désigné : le français indocile. D’ici peu vous verrez qu’ils disserteront sur l’insoumission criminelle en temps d’union nationale contre l’épidémie.

Pourtant le doute sur « l’acceptabilité » des mesures, doux euphémisme, atteste d’autre chose qu’ils tentent de cacher et de dévaloriser : le refus du consentement à l’autoritarisme. Les injonctions du gouvernement ne passent plus. La colère gronde. Pas seulement contre l’arbitraire des mesures, mais aussi pour dénoncer le double langage, vraie signature du « en même temps ». Plus cela va, plus ce gouvernement montre son vrai visage. Il n’est pas un barrage à Le Pen, Le Pen est mis en avant pour faire barrage à sa contestation. L’impression de duettiste du couple Le Pen Darmanin le confirme.

Benoît Schneckenburger

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