NUPES : le souffle de la victoire

La formation de la Nouvelle union populaire, écologique et sociale, est un acte politique majeur. Historique même par son ampleur et son contenu. Elle vient de loin. Elle marque un tournant dans l’histoire longue, actant la victoire idéologique de l’idée de rupture sociale, écologique et démocratique.

C’est d’abord faire acte de 6e République dans la 5e. Refuser la soumission des élections législatives à la présidentielle, c’est refuser la monarchie présidentielle. Proposer « d’élire Mélenchon Premier ministre » c’est rendre le peuple souverain dans la définition de la politique de la nation et restaurer le parlement dans son rôle en République.

La deuxième rupture concerne évidemment les enjeux sociaux. « Retraite à 60 ans », « abrogation de la loi El Khomri », « augmentation du SMIC à 1400 euros net », « blocage des prix ». Voilà écrit en toutes lettres l’acte de décès de décennies de néolibéralisme dominant à gauche. La réduction du temps de travail reprend sa place alors qu’elle était devenue taboue. L’austérité salariale et la flexibilisation du marché du travail sont remises en cause frontalement. Le libre marché s’efface.

La troisième lame de fond est l’imbrication des questions sociales et écologiques. Les accords PS-EELV passés concédaient aux écologistes des compromis ponctuels sans faire de l’écologie le cœur de l’action. C’est une éclatante victoire de voir reprise par tous l’idée de « planification écologique » portée par Jean-Luc Mélenchon depuis 2008. La formule a même fait mouche jusqu’à Macron qui, tel un coucou, aime voler les mots pour les vider de leur substance.

Enfin, le refus de se soumettre aux règles européennes lorsqu’elles empêchent l’application du programme choisi par les Français est un autre exemple fort de ce qui se joue sur le temps long. C’est le résultat de dix-sept ans de lutte pour faire respecter le vote populaire de 2005 contre le traité constitutionnel européen, là où les promesses de « renégociation » à froid des textes européens ont fait long feu. Cette stratégie de désobéissance est désormais incontournable.

Cet accord est rendu possible par l’urgente nécessité d’une victoire pour éviter le désastre social et l’inaction climatique promis par Macron. Il est nécessaire pour espérer gagner compte-tenu du mode de scrutin qui aurait pu, sans cela, multiplier les duels LREM-RN au deuxième tour.

Le score de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle a permis de remettre le camp de la justice sociale, de la bifurcation écologique et de la souveraineté populaire sur des rails conquérants. Cela ne doit pas seulement se concrétiser dans les accords entre forces politiques mais dans les urnes. C’est le souffle populaire qui peut faire l’histoire, en gagnant une majorité en juin, et en l’orientant ensuite dans le bon sens.

Matthias Tavel

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