Le macronisme ne fait plus recette

Dimanche 12 juin au soir, sur les plateaux de télévision, les orateurs macronistes faisaient grise mine. La consigne, bien sûr, était de se réjouir et d’afficher sa confiance, mais les résultats n’autorisaient pas le triomphalisme.

Au niveau national, on peut même parler d’une contre-performance. La NUPES devance Ensemble (26,41% contre 25,93%) et c’est la première fois sous la Ve République que le président élu n’obtient pas, dans la foulée, la première place aux législatives. En 2002, 2007, 2012, le parti présidentiel (UMP ou PS) avait frôlé ou dépassé les 40% des voix. Cette fois, les macronistes rassemblent poussivement 25% des suffrages. C’est 7 points de moins qu’en 2017 (32,33%). Premier résultat de ce désamour : alors qu’il y a cinq ans, 513 candidats LRM et Modem avaient avaient réussi à atteindre le second tour, seuls 419 y sont parvenus cette fois-ci.

Même les poids lourds du macronisme ont été malmenés dans les urnes. Jean-Michel Blanquer, sèchement battu dans le Loiret, est renvoyé à ses chères études. Emmanuelle Wargon, ancienne ministre du Logement, candidate dans le Val-de-Marne, est, elle aussi, éliminée dès le premier tour. Parmi la quinzaine de ministres du gouvernement Borne qui se sont aventurés sur le terrain électoral – en choisissant, pourtant, les circonscriptions les plus favorables, et en bénéficiant de tous les avantages attachés à leur statut –, plusieurs ont connu de sérieuses déconvenues. La Première ministre elle-même ne fait pas le plein des voix. Clément Beaune (Affaires européennes, Paris), Stanislas Guérini (Fonction publique, Paris) et Amélie de Montchalin (Transition écologique, Essonne) arrivent derrière le candidat de la NUPES et sont en ballottage défavorable.

Manifestement, le macronisme a perdu son pouvoir d’attraction. Et le rejet s’exprime par le vote, mais aussi par l’abstention. Un électeur sur deux (52,49% des inscrits), on le sait, s’est dispensé d’aller voter lors de ces législatives. On peut le regretter, mais faut-il s’en étonner ? Emmanuel Macron et ses équipes pratiquent la politique comme un jeu fermé, verrouillé, où le débat est mis sous l’éteignoir, où seul un petit groupe social a voix au chapitre, où les députés et le Parlement n’ont aucun rôle, où le monarque décide de tout, où les alternatives n’existent pas. En évitant l’isoloir, les abstentionnistes manifestent qu’ils ne se reconnaissent pas dans ce jeu-là. Eux aussi, à leur manière, ont dit non à Macron, à ses lieutenants, et à son monde.

Antoine Prat

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