Choisir ses repères

La période est propice à la confusion. Par nature, la crise que nous vivons fait vaciller les habitudes de vie en introduisant du danger dans les gestes les plus banals du quotidien.

Mais la confusion est aussi organisée par les médias. Les dernières semaines ont vu se côtoyer le qualificatif de fasciste pour les réunions non mixtes de l’UNEF mais un lourd silence suite à la tribune des militaires appelant à l’insurrection ; le soutien aveugle à la manifestation des syndicats policiers mais à peine une mention de l’assassinat d’une travailleuse sociale dans l’Aube. Le traitement médiatique n’a comme seul repère que la capacité d’audience. 

La perte de repères en matière de principes et de valeurs vient aussi de l’oligarchie politique en place. Darmanin participe à une manifestation de policiers contre la Justice, mais ne réagit pas quand une députée est jetée à terre par des CRS. Des organisations se disant de gauche participent à cette même manifestation, au mépris du principe de séparation des pouvoirs au cœur de la République depuis 1789. Ainsi, plus rien n’est lisible, la seule boussole de ces personnes étant les sondages d’opinion à court terme.

Enfin, le vocabulaire utilisé est éloigné de sa signification première, et la novlangue décrite par Orwell dans 1984 semble bel et bien réelle. Lorsqu’un même mot peut être utilisé pour qualifier deux positions qui n’ont rien de commun, à quoi bon tenter de comprendre ?

Cette agitation a aussi pour effet de masquer la permanence des repères de toutes ces belles personnes enfermées dans le carcan des dogmes de l’Union Européenne, alors que cela fait pourtant 16 ans que le peuple français leur a dit NON en 2005. La politique agricole commune continue à s’organiser selon les mêmes logiques productivistes que dans les années 1960. La politique budgétaire et monétaire maintient la limitation à 3 % du déficit public, même après une crise sanitaire sans précédent depuis sa construction.

La démarche de la France Insoumise se construit exactement à l’inverse.

Balayer les repères obsolètes, datés, en totale contradiction avec l’exigence du moment qu’il s’agisse de la nécessaire anticipation des conséquences du changement climatique ou de la légitime revendication d’intervention du peuple dans les décisions. Cela suppose de refonder le pacte civique, le pacte social, et d’en asseoir les repères adaptés au contexte d’urgence écologique et démocratique que nous vivons. Le Chili est en train de le faire en se débarrassant de sa Constitution héritée de Pinochet. La Bolivie l’a fait en affirmant comme exigence de toute politique la préservation de l’eau et des ressources naturelles nécessaires à la vie.

Mais ce faisant, rester intransigeant sur les principes qui fondent l’action et s’orienter en étant solide sur ses repères philosophiques : l’égalité, la solidarité, le partage des richesses et la protection des institutions républicaines.

C’est avec de telles perspectives claires et cohérentes que nous fédérerons le peuple vers un avenir en commun.   

Claire Mazin

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