3919 : suite… et fin ?

Faites le test : il est fort probable qu’à la caisse de votre supermarché, dans la salle d’attente de votre médecin, à l’accueil de la crèche ou du commissariat de quartier, vous trouviez une de ces affichettes officielles invitant les femmes victimes de violences à appeler le 3919. Pourtant, si tout se passe comme l’entend le gouvernement, bientôt, quand les femmes composeront le 3919, il n’y aura plus personne au bout du fil. Car c’est bien une disparition pure et simple de ce numéro qui permet depuis 1992 aux femmes victimes de violences d’être écoutées, accompagnées, orientées, qui s’annonce.

Il y a quelques semaines la fédération d’associations Solidarité Femmes, gestionnaire du numéro, lançait l’alerte au sujet de l’ouverture à la concurrence voulue par le gouvernement alors même qu’elles demandaient le renforcement des moyens alloués (Insoumission Hebdo N°1685). L’appel d’offre, enfin publié, confirme et renforce les inquiétudes.  En effet,lundi 11 janvier, la publication d'une réponse à une question sur la plateforme des marchés publics confirme ce que laissait supposer la lecture des documents : ce que le gouvernement appelle la « marque » 3919 va changer, puisqu’elle est indiquée comme « en cours de définition et de conception ». C’est donc un nouveau numéro qui devrait remplacer le 3919, alors que ce dernier est devenu au fil des ans une véritable référence en la matière grâce à la qualité du travail des associations expertes assurant de fait une mission d’intérêt général, et à d’innombrables campagnes de communications pour le faire connaître largement, notamment lors du confinement de mars qui a vu exploser les situations de violences conjugales !

Cette décision contreproductive et absurde vient s’ajouter aux dangers qui pèsent sur la qualité du service d’écoute depuis la décision de supprimer la subvention à la fédération Solidarité Femmes et de l’attribuer sur appel d’offre après ouverture d’un marché public. Les associations dénoncent en effet le risque de chercher à comptabiliser et rentabiliser le temps passé à écouter les femmes au détriment de la qualité de l’écoute, et rappellent que l’accompagnement actuel repose sur l’expérience et les qualifications des salariées et sur un fin réseau d’associations de terrain permettant d’orienter les femmes au plus près de chez eux.  

La pétition de soutien initiée par les associations, qui a déjà récolté plus de 60 000 signatures, et le soutien exprimé par les parlementaires insoumis, sont donc plus que jamais d’actualité.

Sarah Legrain

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