Femmes : Menaces sur le 3919 !
Les violences faites aux femmes décrétées « grande cause nationale du quinquennat Macron » n’échappent pas à la loi du marché ! Un appel d’offre va être lancé pour le numéro vert 3919.
Il faut savoir que ce numéro existe depuis 1992. Il est géré par la « Fédération nationale Solidarité femmes », qui rassemble 73 associations spécialisées dans l’écoute, l’accompagnement et la protection des femmes victimes de violences. Grâce à son travail il s’est imposé comme le numéro de référence. Chaque année, ce sont environ 100 000 victimes qui sont entendues, conseillées, soutenues, orientées. Pendant le confinement du premier semestre 2020, le chiffre a bondi, passant de 2000 à 7000 victimes prises en charge par semaine.
Afin d’améliorer leur aide, les associations militent depuis longtemps pour une écoute 24h/24 et demandent pour cela une augmentation des subventions. En réponse Marlène Schiappa, encore ministre de l’Égalité femmes-hommes et en charge de cette « grande cause nationale », a annoncé qu’un appel d’offre allait être lancé pour le 3919. Le but : en faire une délégation de service public relevant des dispositions de la loi Sapin… et donc d’un marché public. L’engagement associatif qui a devancé l’Etat pendant des années sur une mission d’intérêt général, risque du coup d’être mis sur la touche au nom de la sacro-sainte concurrence !
Les premières à en payer le prix seront les femmes victimes de violences. Car ouvrir un marché, c’est ouvrir la porte à des critères tout autres que la qualité de l’accompagnement.
Le 3919 est actuellement assuré par une trentaine de salariées avec une formation de travailleuse sociale, assistante sociale, psychologues, et appuyé sur un précieux réseau de terrain qui permet aujourd’hui d’orienter finement une femme vers telle ou telle solution locale, tel ou tel centre d’hébergement. Il pourrait être confié à des personnes moins bien formées et déconnectées du tissu associatif local. Aujourd’hui, un appel dure autant que nécessaire, parfois une heure : qu’en sera-t-il demain ?
Le cahier des charges n’est pas encore connu mais la Fédération nationale Solidarité Femmes a raison de craindre que la mise en concurrence ne favorise le moins-disant et le moindre coût. Elle n’a pas encore décidé si elle y participera, mais elle peut compter sur le soutien des 60 000 signataires de la pétition « sauvons le 3919 » et des nombreux élus, dont le groupe parlementaire de la France Insoumise, qui ont signé une tribune pour la continuité du 3919 parue dans Libération le 24 novembre.
Sarah Legrain