Pour que « le monde d’après commence maintenant », la France insoumise met à jour son programme

« Le monde d’après peut commencer maintenant ». C’est le sous-titre choisi par la France insoumise pour la réédition de son programme L’Avenir en commun publiée sur internet ce lundi 13 avril. Jean-Luc Mélenchon avait annoncé cette « relance » de son programme présidentielle de 2017 lors sa participation au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro dimanche 5 avril dernier et plus récemment sur son blog.

L’objectif des insoumis est clair : démontrer en pleine crise due au coronavirus qu’« on peut gouverner autrement avec d’autres objectifs et d’autres méthodes ». Pour Jean-Luc Mélenchon qui signe une nouvelle introduction « Le programme “l’avenir en commun”, pourrait être appliqué demain s’il le fallait. Et c’est bien cela que nous voulons signifier. Nous le versons comme contribution à tous les débats. Mais nous le proposons aussi comme une solution immédiatement applicable ».

La France insoumise entend ainsi dénoncer les « responsables » et « coupables » des causes de la crise comme de sa mauvaise gestion, en premier lieu le président Emmanuel Macron ciblé à quelques heures d’une nouvelle intervention télévisée. La réédition du programme permet par exemple d’ajouter la demande de nationalisation de l’entreprise Luxfer pour produire des bouteilles d’oxygène médicale au passage visant à « engager un plan de relance de l’activité et de la bifurcation écologique au service de l’emploi et du bien-vivre »..

Ce faisant, les insoumis refusent aussi que la crise sanitaire, économique et sociale soit payée par le peuple à travers une cure d’austérité ou une augmentation du temps de travail comme le souhaiterait le Medef ou le ministre de l’Economie Bruno Le Maire. Cette réédition leur permet de rappeler l’urgence de la « planification écologique », « du partage des richesses », d’un plan d’investissement, de la reconstruction des services publics ou de la défense des droits sociaux des salariés comme des travailleurs ubérisés. Ils intègrent au passage également le fruit de trois années de travail parlementaire depuis 2017 comme l’exigence d’un ratio minimal de personnel dans les Ehpad ou du rétablissement de l’Impôt sur la fortune, propositions dont la pertinence est encore renforcée à la lumière de la crise.

Le but politique de LFI est aussi de ne pas laisser le débat sur « le monde d’après » s’ouvrir sur une page blanche ou se résumer à quelques principes généraux renvoyés à un « après » lointain. Jean-Luc Mélenchon et les siens entendent battre le fer tant qu’il est chaud. Ils insistent sur l’importance d’un programme cohérent, complet et opérationnel. Ils n’entendent pas en rester à quelques expressions médiatiques et encore moins aux conversions aussi récentes qu’inattendues à l’image de celles du président LR de la région Hauts de France Xavier Bertrand qui dit refuser une cure d’austérité à la sortie de crise ou du député européen (PS-Place Publique) Raphaël Glucksmann qui explique désormais que « ce qui doit primer, ce n’est pas l’idéal européen, c’est la nécessité d’être souverain ».

Faisant le constat qu’apparait désormais « un désir de changements radicaux », les insoumis proposent ainsi une contribution très riche pour faire grandir l’idée d’un « plus jamais ça ! » pour reprendre le titre de l’appel lancé par seize représentants d’organisations syndicales (CGT, Solidaires, FSU, Unef), écologistes (Alternatiba, Greenpeace,...) ou associatives (CCFD Terre Solidaire, Attac, Oxfam...), déjà repris comme slogan des « manifs en ligne » des insoumis depuis deux samedis.

La réédition de l’Avenir en commun se veut donc une contribution solide et actuelle au débat, actant au passage le bilan des premières années du quinquennat Macron (reprise de la demande d’abrogation de Parcoursup, des ordonnances Pénicaud sur le droit du travail ou de la loi Blanquer sur l’école…). Comme en 2016 pour son élaboration, les insoumis mettent à jour leur logiciel programmatique en intégrant plusieurs revendications écologiques (abandon du projet Europacity par exemple) ou des mouvements populaire notamment celui des gilets jaunes (renforcement des propositions de référendums d’initiative citoyenne…).

Ce travail pourrait se poursuivre par une actualisation ouverte aux insoumis à travers les contributions des groupes thématiques du mouvement lorsque les conditions matérielles le permettront plus facilement. Si l’actualisation du programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon pourrait faire penser que les insoumis ont la tête tournée uniquement vers 2022, cette réédition démontre qu’il n’en est rien. C’est bien au présent qu’ils entendent faire vivre leur programme.

 

Matthias TAVEL

 

 

 

 

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