Chômage : Fausse consultation
Duplicité, ignorance ou les deux ? La France regorgerait « d’emplois non pourvus » qui « brident l’essor des entreprises et ralentissent la croissance », se lamentent Dussopt, ministre du Travail et Roux de Bézieux, patron du Medef. Du pipeau rétorque le député LFI Hadrien Clouet par ailleurs sociologue du travail (il vient de publier « Emplois non pourvus : une offensive contre le salariat ». Ed. du Croquant.). D’abord parce qu’il n’existe aucune mesure sérieuse de ces chiffres, ensuite parce que selon Pôle emploi employeurs, toutes les offres, même les pires, finissent par trouver preneur.
Mais la fable, complaisamment reprise, sert d’argument à l’urgence d’une nouvelle réforme du chômage « plus incitative et plus protectrice (sic) ». La dernière, de 2019, et mise en œuvre en juillet 2021, avait déjà durci l’ouverture des droits et baissé drastiquement les indemnisations des plus précaires. L’heure est maintenant à la « modulation » que Macron résume par une prise en charge « plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé ». En clair, si le gouvernement estime que les offres d’emploi sont suffisantes en quantité, il baissera les indemnisations des demandeurs d’emploi et en réduira la durée.