Le scénario du troisième tour

Dans Le 18 brumaire, Marx commence par observer que « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages se répètent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce. » C’est le chemin que prend le début de la présidence d’Emmanuel Macron. Sa pseudo campagne électorale, sa communication bien rôdée a voulu nous vendre une saison deux, et en même temps un renouveau. Inquiet du risque d’un rejet dès les législatives, son service de communication fait comme si une troisième partie était déjà gagnée quand Jean-Luc Mélenchon appelle à le battre au troisième tour.

Emmanuel Macron et ses affidés parlent d’un renouveau, et pourtant on ne change pas comme çà les habitudes. Les premiers jours de l’après élection le confirment ainsi que la fin du gouvernement Castex. Ce dernier voulait assister à une cérémonie de canonisation au Vatican. Empêché, il délègue le ministre de l’Intérieur, bafouant la laïcité. Celle-ci ne peut être à géométrie variable. La séparation des Églises et de l’État ne se brade pas et s’applique absolument au personnel politique. Aucun communautarisme n’est acceptable, pas plus que ne seraient recevables des conduites racistes ou sexistes, quelles qu’elles soient. Sur la laïcité, le programme d’Emmanuel Macron n’a pas abandonné son désir de voir émerger un islam de France, porte ouverte au retour d’un Concordat œcuménique.

Plus généralement, en prétendant changer de méthode, il ne change rien en fait. On voit bien là l’habitude managériale de changer les mots pour ne pas changer les actions. Tout son programme annonce la continuité de ce que le mouvement des gilets jaunes et la pandémie ont arrêté. S’il est élu, il entend mener tambour battant la casse du droit à la retraite. Le RSA qui concerne une frange de plus en plus importante de salarié.e.s déclassé.e.s sera conditionné à un travail forcé. Les cadeaux pour les plus riches sont prêts. Quant à sa prétendue priorité écologique, qui était déjà celle de son premier mandat quand il a nommé Nicolas Hulot, rien ne change non plus : priorité au nucléaire et appui des chasseurs.

Pour que ce second mandat ne soit pas une comédie et encore moins tragique, il nous appartient de faire l’histoire en refusant ce scénario. L’élan suscité par la NUPES ne vient pas de l’unité de façade qui fonctionnait comme un mantra au début de la campagne présidentielle. Elle acte le choix majoritaire dans le camp progressiste d’une politique de rupture avec le système. Elle repose sur des éléments tangibles, directement utiles au plus grand nombre : blocage des prix, retour à une retraite juste, transition et planification écologique, hausse des salaires et allocations avec un SMIC à 1400€, aide à la jeunesse très précarisée par une garantie d’autonomie, rénovation et construction des logement. Pour changer la pièce, il faut changer le scénario et les acteurs. Les législatives en sont l’occasion.

Benoît Schneckenburger

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