Le 9 novembre 1918 : Guillaume II abdique

C’est peut-être son dernier caprice qui mène le kaiser Guillaume II à l’abdication le 9 novembre 1918 sonnant la fin de l’interminable Grande Guerre. La situation intérieure est pourtant catastrophique depuis 3 ans. Le blocus maritime britannique affame la population allemande, les produits alimentaires sont rationnés, et dès 1916, la ration journalière est inférieure à 1000 calories. L’année suivante, une terrible famine fait plusieurs centaines de milliers de victimes. Sur le plan militaire, après une offensive franco-britannique en août 18, l’affaire est entendue. Cependant, il faut attendre fin septembre pour que le haut commandement allemand se résolve à envisager un armistice voire une capitulation inconditionnelle mais sans vraiment vouloir l’assumer.

Guillaume II est une caricature d’aristocrate prussien. Il aime tellement les uniformes qu’il en change jusqu’à trois fois par jour. Et il n’envisage pas, en accord avec son entourage, d’en terminer avec le conflit sans une dernière action, « pour l’honneur ». La décision met aussitôt en état d’insurrection la marine impériale. La mutinerie qui débute à Kiel le 29 octobre fait tache d’huile, s’étend aux autres ports de la Baltique puis affecte les villes de Munich, Berlin, jusqu’à Metz alors sous domination allemande. Guillaume II, loin de faire preuve du courage qu’il exigeait de ses troupes, abdique et craignant de connaître le sort de son cousin le tsar Nicolas II, interné et exécuté par les bolchéviques, se réfugie aux Pays-Bas où il vit paisiblement jusqu’à sa mort, en 1941.

Non sans confort : le 28 novembre, il s’adresse à la toute neuve république allemande pour récupérer l’argenterie royale. Celle-ci accède à sa demande et même plus. Elle lui restitue 97 000 hectares de terres, plusieurs châteaux et lui accorde une rente mensuelle de 50 000 marks plus un pactole de 40 millions… En dédommagement des services rendus à la patrie et de ses deux millions de soldats morts à la guerre ?

Entre les passions nationalistes et les causes structurelles de la Grande Guerre, il est difficile de faire du kaiser l’acteur principal de son déclenchement. Il a toutefois soufflé sur les braises de l’attentat de Sarajevo et poussé l’Autriche à attaquer la Serbie avec les conséquences qu’il ne pouvait ignorer. Pour le Premier ministre libéral du Royaume-Uni, David Lloyd George, sa responsabilité était si clairement établie qu’il ne réclamait pour le kaiser, pourtant petit-fils de la reine britannique Victoria, rien de moins que la pendaison.     

Jean-Luc Bertet

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