Faire la loi selon Macron

L’actualité législative a présenté récemment deux lois qui illustrent assez bien l’hypocrisie d’Emmanuel Macron et de ses marcheurs : la loi contre la maltraitance animale et le projet de loi « confortant les principes républicains ». Côté lumière, les effets d’annonce. Côté sombre, des concessions aux pires lobbys. Une nouvelle mise en place de la méthode du « en même temps ».

On connaît déjà bien l’histoire de la loi « contre les séparatismes » censée conforter la République. Emmanuel Macron a sans doute bien compris qu’à agiter le risque de séparatisme en général, il aurait dû affronter des lobbys de taille : séparatistes, les exilés fiscaux, séparatistes, les dispositions cultuelles concordataires, séparatistes, ces riches qui se cloîtrent dans des quartiers ultra sécurisés et privatisés, parfois en plein Paris. Pourtant on voit mal ce que vient consolider le projet de loi : il ne fait que, la plupart du temps, accentuer des dispositifs répressifs, qui souvent auraient suffi à combattre les extrémismes et la délinquance terroriste. La droite a bien vu la porte entrouverte et a pu relancer hypocritement le débat sur le port du voile dans l’espace public, alors que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen permet d’exprimer « ses opinions même en matière de religion ». Mais de réconfort il n’est nulle question. Pas de dispositif permettant, par exemple, de vastes campagnes de sensibilisation à la laïcité qui permettraient une pédagogie de long terme, en dehors des épisodes de crise les moins propices, pas non plus de réinvestissements massifs des services publics dans les quartiers.

La manifestation interprofessionnelle du jeudi 4 février a bien souligné d’ailleurs que les services publics sont les grands absents de la politique gouvernementale et des plans de relance. Les erreurs – après les masques et les tests – en matière de campagne vaccinale attestent d’une méconnaissance des services publics, de leurs capacités si on les mobilisait vraiment au lieu de s’en remettre à une officine privée. Les néo-libéraux au pouvoir ont eu l’idée de génie de s’en remettre à un cabinet privé d’audit : McKinsey le conseille sur sa stratégie vaccinale et sur la logistique du vaccin.

La maltraitance animale est traitée quant à elle par-dessus la jambe. Les marcheurs font semblant de s’en préoccuper, mais ils ont tout cédé aux lobbys : ils s’occupent des delphinariums mais pas de la chasse. Il y 3 delphinariums en France, mais la chasse tue entre 30 et 45 millions d’animaux par an – et quelques passants. Ils prévoient un certificat de sensibilisation à remettre aux nouveaux propriétaires d’animaux familiers, mais ignorent les conditions d’élevage et d’abatage des animaux de consommation : 80% sont élevés en intensif, dans des cages ou bâtiments. En même temps : des gages faciles à la sensibilité écologiste, mais rien de décisif en fait, les lobbys privés l’emportent. Les marcheurs marchent au pas. Prenons des chemins de traverse !

Benoit Schneckenburger

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