4 février 2020 : Mort du président Arap Moi

Il y a un an mourait le dirigeant kényan Daniel Arap Moi (successeur du père de l'indépendance Jomo Kenyatta) qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1978 à 2002 : musellement de la dissidence, détentions arbitraires, torture et corruption ont marqué son régime. Dans son collimateur figuraient les élites culturelles, les militants des droits de l'Homme, les écrivains ou les défenseurs de l'Environnement, comme la future prix Nobel de la Paix Wangari Maathai. Première femme africaine à recevoir cette distinction en 2004, la militante n’a jamais cédé aux pressions du dictateur. Menacée, harcelée et emprisonnée à plusieurs reprises pour ses combats humanistes, elle n’a pourtant jamais cessé de s’opposer aux nombreux projets menaçant de destruction des forêts ou les espaces verts de Nairobi.

Née en 1940 au Kenya, elle devient en 1977 la première femme professeure d’université du pays. Aussitôt elle se bat pour l’équité salariale et pour les conditions des femmes enseignantes. Docteure de médecine vétérinaire, son travail de terrain l’amène à constater la dégradation de l’environnement au Kenya : dès lors elle met en place ce qui devient un vaste projet de reboisement à l’échelle nationale, mais également un engagement politique en faveur de la démocratie et des droits humains : le Mouvement de la ceinture verte. Avec cette ONG, elle encourage les femmes à planter des arbres pour lutter contre la déforestation et la dégradation de l’environnement. Les habitantes en retirent une nouvelle position sociale, davantage respectée et considérée.

Quelques années plus tard elle quitte son poste d’enseignante pour se lancer en politique. Sa première tentative échoue et l’université refuse de la reprendre. Mère de trois enfants, elle divorce et se voit reprocher son niveau d’instruction, sa force de caractère et son insoumission par son mari lors du procès. Son statut de « femme divorcée » est alors abondamment utilisé contre elle pour la malmener et l’humilier publiquement. Elle doit même à plusieurs reprises entrer dans la clandestinité pour échapper aux poursuites d’Arap Moi. En 2002, il est remplacé par Mwai Kibaki, et Wangari Maathai est élue au parlement avec 98 % des voix. L’année suivante, alors qu’elle a fondé le Parti vert Mazingira, le nouveau président la nomme ministre-adjointe à l'Environnement, aux Ressources naturelles et à la faune sauvage. Lauréate du Nobel, elle incite l'Afrique à « ignorer le modèle des pays occidentaux » pour trouver des voies vertes de développement. Décédée le 25 septembre 2011 à Nairobi, W. Maathai a permis d’enraciner plus de 50 millions d’arbres grâce à son ONG.

Bérénice Hemmer

Crédit photo : Wangari Maathai au Forum Social Mondial - source : Wikipedia

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