10 septembre 1797 – Mort de Mary Wollstonecraft

Le 30 août 1797, en donnant naissance à une petite fille, Mary Wollstonecraft contracte une fièvre puerpérale qui dégénère en septicémie. Onze jours plus tard, elle meurt à l’âge de 38 ans. Cette fin tristement commune à l’époque vient clore une existence exceptionnelle.

Née en 1759 au sein d’une famille de la bourgeoisie anglaise, la jeune Mary devient dame de compagnie, avant de prendre son indépendance. Elle exerce alors l’une des rares professions ouvertes aux femmes éduquées de son époque, l’enseignement. Institutrice et gouvernante, elle tente avec une amie de fonder une école de filles, sans succès.

C’est au mitan des années 1780 qu’elle se tourne vers l’écriture. Rédigeant articles, essais et romans, qu’elle nourrit de sa propre expérience, elle acquiert grâce à sa plume une indépendance financière, chose rare.

Ses idées progressistes la rapprochent alors des milieux intellectuels radicaux londoniens, et de figures telles que Richard Price ou son éditeur Joseph Johnson. Critiques du régime issu de la « Glorieuse Révolution », libéral pour son temps mais assis sur d’importantes inégalités politiques et sociales, ils défendent notamment l’extension du suffrage aux moins favorisés, les droits des minorités religieuses et l’abolition de l’esclavage.

Avec eux, Mary accueille favorablement la Révolution française. Elle répond ainsi dans une Défense des droits de l’Homme (1790) au contre-révolutionnaire Edmund Burke, partisan de la tradition opposée aux grands projets de refondation politique, par un plaidoyer pour la raison et l’égalité. Elle développe ses thèses égalitaires dans une Défense des droits de la Femme (1792). Pour elle, l’infériorité supposée des femmes n’est pas d’origine naturelle mais sociale : elle est acquise, due à une éducation spécifique et dégradante qui les abrutit. Qu’on donne aux femmes les moyens de construire leur esprit, elles seront alors aussi capables que les hommes, et légitimes à prétendre à l’égalité sociale.

Partie pour la France en 1792, heurtée par la dureté des événements et tourmentée par une liaison houleuse, elle se rend en Scandinavie puis revient à Londres, où elle épouse tardivement William Godwin, influent penseur radical. C’est une femme libre dans son existence et novatrice par ses idées qui s’éteint peu après. Pionnière des mouvements démocratiques et féministes, sa mémoire est perpétuée par la biographie que lui consacre son veuf. Sa propre fille, Mary Godwin, épouse Shelley, deviendra elle-même l’autrice renommée de Frankenstein (1818).

Thibaut Langlois

Crédit photo : Library of Congress

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