Se connecter au monde

L’actualité des dernières semaines a été dominée par la concomitance de l’ouverture du procès des attentats du 13 novembre 2015 et des vingt ans de l’attentat du 11 septembre 2001 à New-York. Se rappeler des victimes et rendre justice, tout en cherchant à comprendre ce qu’il s’est passé pour que de telles horreurs ne se reproduisent pas.

En effet, chaque évènement existe - et produit des effets - à la fois en lui-même et parce qu’il s’inscrit dans un contexte historique, une trajectoire d’individus et incarne souvent une dynamique à l’œuvre. Il est donc important de s’y arrêter pour essayer d’en tirer des enseignements au-delà de l’émotion bien légitime qu’il suscite, avec méthode.

Cette démarche d’analyse des mouvements à l’œuvre dans le monde est utile à froid, mais aussi à chaud, et surtout prend tout son sens quand elle regarde partout, tous les sujets et pas seulement ce qui concerne directement l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique ou les questions de terrorisme.

Par exemple, le mouvement opposé concernant le droit à l’avortement qui s’est produit ces dernières semaines entre le Texas et le Mexique est à ce titre assez frappant. L’avortement devient quasiment impossible au Texas, avec la bénédiction de la Cour Suprême fédérale, dans un mouvement réactionnaire qui revient 50 ans en arrière et qui marque le poids de la religion chrétienne dans le débat public aux Etats-Unis.

A l’inverse, la Cour Suprême du Mexique, elle, considère que criminaliser l’avortement est inconstitutionnel. Décision historique dans un pays fortement empreint de catholicisme, dont l’influence y est en recul. Mais décision qui ne se résume pas cela ni à la défense du droit des femmes ou des libertés individuelles. Dans le même temps, une loi introduisant la possibilité d’un référendum révocatoire pour le Président a été votée. Ainsi, c’est le mouvement d’émancipation et de souveraineté du peuple sur sa vie intime comme sur la vie publique qui se poursuit. Les deux ne sont pas antinomiques et au contraire vont ensemble : ce qui se passe actuellement au Mexique illustre cette conviction présente dans l’Avenir en commun.

Se connecter au monde, c’est aussi s’associer à des luttes qui ont lieu dans d’autres pays mais qui ont une résonnance mondiale et qui vont dans le sens de nos combats pour l’intérêt général humain. Il en va ainsi de la défense, par nos députés européens, de la forêt amazonienne, qui a un rôle majeur dans la captation du CO² à l’échelle mondiale et alors que la déforestation a progressé de 85 % depuis l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro.

Enfin, l’appréhension des dynamiques à l’échelle mondiale permet de se préparer à en gérer les conséquences sur le territoire national une fois au pouvoir. C’est vrai pour l’analyse géopolitique de la situation au Moyen-Orient, héritée en grande partie de l’après 11 septembre 2001. C’est particulièrement nécessaire concernant le changement climatique à l’œuvre et les conséquences brutales qu’il va avoir. C’est ça aussi, qui fait de Jean-Luc Mélenchon un candidat présidentiel solide.

Claire Mazin

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