Pression populaire

La mobilisation du peuple algérien ne faiblit pas. Chaque vendredi, les rues des villes de ce pays auquel nous sommes si intimement lié s’emplissent d’une foule jeune, pacifique et déterminée : « Pas de cinquième mandat pour Bouteflika ! ». Même la décision de l’actuel Président Bouteflika de retirer sa candidature n’a pas fait rentrer les gens chez eux. Parce qu’ils savent se méfier.

En même temps que la candidature Bouteflika est retirée, la prochaine date de l’élection présidentielle l’est aussi. C’est un signal d’alerte. La dure reprise en main par le pouvoir en place guette en retirant toute occasion de redistribuer les cartes. Ça s’est vu. D’ailleurs une proposition a immédiatement été faite ensuite de tenir un débat constituant pour réformer les institutions, mais surtout apaiser la colère. Rien n’y a fait. Plus personne là-bas ne croit que la solution viendra des autorités. Le point de bascule a été atteint : c’est quand tout crédit politique du pouvoir en place, même recherché par la terreur, a disparu.

Toute coïncidence ou ressemblance avec les Gilets jaunes et la réplique gouvernementale du Grand débat national n’est ni fortuite ni involontaire. La proposition du Grand débat en forme de « Je vous ai compris » dont les présidents en manque de légitimité usent et abusent, est une technique de dilution des grandes mobilisations de rue. Le peuple algérien nous montre la voie pour y résister. La meilleure réponse à l’enfumage gouvernemental empressé, c’est le maintien d’un haut niveau de mobilisation et l’approfondissement des revendications.

La mobilisation du 16 mars #Acte XVIII qui combine l’alerte sur le réchauffement climatique et l’opposition à Macron – fin du mois, fin du monde – était la bonne réponse à la fin du Grand débat. Il n’a du reste échappé à personne qu’un certain flou était venu embrouiller cette fin officielle de récréation. Les fruits du grand débat pourraient être décevants, la tournée présidentielle pourrait se poursuivre et la fin du grand débat pourrait être pour plus tard.

Et voilà que les collégiens et lycéens se mettent à sortir eux aussi tous les vendredi dans les rues pour râler contre l’inaction de l’État en matière environnementale ! Que va faire le pouvoir de son arsenal anti-manif dégainé habituellement contre des gueux vêtus de jaune, alors que ces jeunes aux aspirations vertes, eux, sont plus souvent issus des classes moyennes ? Si tout ce monde fâché se mêle et fraternise contre l’absurdité du libéralisme en marche, on a toutes les raisons de penser que le point de bascule est à portée de main. Les mobilisations syndicales et professionnelles pourraient s’amplifier avec la poursuite des réformes macronistes contre les services publics et leurs fonctionnaires, ainsi que bientôt contre les pensions et leurs retraités. Ne manquent que les quartiers pour parfaire l’arc de forces populaires. Maintenons la pression.

Charlotte Girard

Image : Acte XVIII - Toulouse - Bruno Brouard

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