Mettre la 5e République à la retraite !

La 5e République a 60 ans. L’anniversaire est fêté par les partisans de la souveraineté populaire limitée. Brejnev n’est plus là mais la monarchie présidentielle tient lieu de camisole institutionnelle. C’est à cause de la 5e République que l’accord de libre-échange CETA avec le Canada peut s’appliquer en France depuis un an sans vote du Parlement ni du peuple. C’est à cause de la 5e République que le « non » de 2005 au traité constitutionnel a pu être foulé aux pieds et que le traité de Lisbonne a pu être imposé par la grande coalition PS-Droite dont Macron n’est que l’enfant. C’est à cause de la 5e République que les présidents successifs peuvent ignorer les oppositions populaire et parlementaires, et à peine moins leur majorité. C’est à cause de la 5e République que la grève civique s’étend, nombre de citoyens refusant régulièrement de cautionner un système qu’ils jugent au mieux inutile au pire corrompu.

Bien sûr, les mauvais coups des gouvernants successifs sont aussi en cause. Mais ils ont été facilités par les institutions actuelles, pensées pour tenir le peuple à distance. Loin d’y remédier, la révision constitutionnelle souhaitée par le pouvoir vise à renforcer encore le côté monarchique. Demain, il y aurait moins de députés et pas plus de pouvoir des citoyens : ce serait la double peine !

La démocratie française doit s’émanciper de ces restes d’Ancien régime. Le peuple doit pouvoir révoquer ses élus, convoquer de sa propre initiative des référendums et proposer des lois. Il a le droit d’élire l’Assemblée nationale à la proportionnelle. Il ne doit plus se voir imposer des traités européens dont il ne veut pas, et son expression par référendum doit être garantie et respectée. Il doit avoir le dernier mot à chaque modification de la Constitution.

Jaurès disait que la Révolution avait fait le citoyen roi dans la cité. La restauration monarchique par la 5e République a assez duré. 60 ans, c’est l’âge de la retraite ! Imposer une Assemblée constituante et construire la 6e République est une des tâches historiques de notre génération, la première tâche de la Révolution citoyenne.

Car l’affirmation de la souveraineté politique du peuple n’est pas qu’une question démocratique. C’est la clé d’une démocratie libérée des lobbies et clergés, des conflits d’intérêts, des cumulards et pantouflards de toutes sortes, d’une République sociale étendue à l’entreprise et donc d’une autre répartition des richesses. C’est la condition d’une réappropriation démocratique des biens communs que sont l’eau, l’énergie, la monnaie et tant d’autres. C’est le point de passage indispensable d’une politique radicale de transition écologique capable de briser les reins des logiques productivistes, capitalistes mais aussi parfois technocratiques. C'est l'opportunité d'écrire une nouvelle page des droits et libertés individuelles. La 6e République est l’espoir d’un avenir en commun.

Matthias TAVEL

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