Mélenchon : le vote vital

Rarement le choix aura été aussi clair dans une élection présidentielle. Il reste donc trois options. Premièrement, la poursuite aggravée des réformes néolibérales autoritaires jusqu’au cœur de l’identité républicaine et sociale du pays à travers l’école et la retraite, c’est le projet Macron. Deuxièmement, la brutalisation identitaire avec Le Pen pour permettre à l’oligarchie de continuer à régner grâce à la division populaire selon la religion ou la couleur de peau. Troisièmement, l’ouverture d’une page nouvelle avec Mélenchon, où s’engouffreraient les aspirations populaires, démocratiques, sociales, écologistes, féministes pour construire un autre monde et reconstruire les protections collectives (Etat, services publics, sécurité sociale) face au chaos actuel. Chacun est responsable car le mode de scrutin ne permet qu’une finale à deux. Il faut donc gagner la demi-finale et savoir distinguer l’essentiel.

Le vote Mélenchon est mieux qu’un vote utile. Le vote utile c’est renoncer à ses idées au profit d’un vote tactique. Mais en votant Mélenchon, on ne renonce ni à l’ambition d’affronter le changement climatique, ni à l’exigence des revendications sociales, ni à l’indispensable transformation des institutions. On fait un vote « 2 en 1 ». De tactique et de fond. De la tête et du cœur.

C’est au contraire l’absence de Mélenchon au deuxième tour qui ferait disparaître ces convictions du débat final et leur enlèverait toute chance de victoire. Sans Mélenchon au deuxième tour, ce sera Macron-Le Pen. Avec Macron-Le Pen, pas de retraite à 60 ans pour tous, pas de hausse du SMIC, pas de blocage des prix, pas de Sécurité sociale remboursant les soins à 100%, pas de reconstruction de l’hôpital ou de l’école publics et même leur destruction aggravée. Sans Mélenchon au deuxième tour, pas de sortie des pesticides et de la malbouffe, pas de soutien à l’agriculture bio, encore et toujours l’inaction climatique et le retard dans les énergies renouvelables. Sans Mélenchon au deuxième tour, pas de 6e République, pas de droit de révoquer les élus en cours de mandat, pas de loi anti-concentration dans les médias, pas d’abrogation des lois liberticides.

Comment survivre encore cinq ans dans ces injustices, ces inégalités, cette pauvreté qui progressent ? Peut-on perdre encore cinq ans pour engager la bifurcation écologique ? Peut-on prendre le risque de laisser à Macron le soin d’écarter l’extrême-droite alors que sa politique ne cesse de l’alimenter et que son projet le fera encore plus ? Peut-on prendre le risque de voir Le Pen incarner, pour la deuxième fois en cinq ans, la seule opposition finale au néolibéralisme ? Dans quel état retrouverions-nous la France à l’issue d’un tel débat, et d’un tel mandat ? En l’espèce le vote Mélenchon est un vote vital.

Mieux vaut barrer la route de l’extrême-droite tant qu’il en est encore temps, c’est-à-dire dès le premier tour. Mieux vaut qualifier au second tour une parole et un programme pour répondre aux urgences sociales et écologiques. Mieux vaut se donner une chance de construire un autre monde que de se laisser enfermer encore plus dans celui-ci. Le vote Mélenchon, c’est le vote qui brise les barreaux du monde actuel. C’est le vote qui abolit l’ordre des choses. C’est le vote qui déverrouille l’imaginaire et ouvre un avenir en commun pour le pays.

Chacun en a la clé par son bulletin de vote. Rendez-vous le 10 avril. Fermez les yeux. Imaginez la tête des autres sur les plateaux télé à 20h si le visage de Mélenchon apparait qualifié. Imaginez l’espoir de tant de gens. N’imaginez plus. Faisons-le !

Matthias Tavel

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