Le 27 novembre 1978 : Assassinat d’Harvey Milk

Le 27 novembre 1978, Harvey Milk et George Moscone, le maire de San Francisco, sont assassinés dans leurs bureaux par un membre du conseil municipal qui vient de démissionner. Le meurtrier est un catholique intégriste et homophobe qui n'a jamais supporté le combat d'Harvey pour faire entendre la cause gay.

Durant son enfance new-yorkaise, Harvey est choyé mais frustré de devoir refouler son homosexualité. Adulte, il s'engage dans la marine américaine, qu'il est contraint de quitter en 1955 à cause de son identité sexuelle. Au début des années 70, porté par l'esprit hippie, il déménage pour San Francisco avec l'amour de sa vie Scott Smith et y ouvre un magasin d'appareils photographiques. Le Castro Camera, implanté au cœur du quartier gay devient un lieu d'écoute, d'entraide et de militantisme. Charismatique et éloquent, Milk décide de se présenter aux élections municipales. En 1977, à la troisième tentative, il devient le premier homosexuel ouvertement déclaré à siéger au conseil représentatif d'une grande ville des États-Unis.

Durant son mandat, il soutient un projet de loi pour les droits des homosexuels et s'engage dans le débat qui clive le pays : il s'oppose à la Proposition 6, proposition de loi qui aurait autorisé le licenciement des enseignants homosexuels. Les homophobes à l'instar de la chanteuse Anita Bryant vocifèrent, tandis que le président démocrate J. Carter cherche l'apaisement et l'avancée progressiste. La poignée de main entre le président en visite à San Francisco et Milk encourage le camp progressiste et l'odieuse Proposition 6 est abandonnée.

Le soir de la mort des deux élus, la ville pleure et la population défile pacifiquement à la lumière des bougies. Mais cinq mois après, au début du procès de Dan White, la colère monte. Le verdict fixant la peine à sept ans seulement d'emprisonnement, provoque une manifestation qui se transforme en émeutes réprimées violemment par la police de San Francisco.

Il reste du combat d'Harvey Milk le drapeau arc-en-ciel qu'il avait créé avec Gilbert Baker pour la Gay Pride de 1978. Lors de son enterrement, la bannière à six bandes est consacrée par son co-créateur : après le rose indisponible à la production industrielle, il choisit d'ôter le turquoise puisqu'il fallait un nombre pair de couleurs au drapeau pour pavoiser de chaque côté de la rue le long du cortège. Dans son testament enregistré alors qu'il se savait une cible potentielle, il encourage à assumer son homosexualité : « si une balle devait traverser mon cerveau, laissez-la détruire toutes les portes de placards ».

Bérénice Hemmer

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