La lampe à huile
Aladin avait son génie, Emmanuel Macron se contente de la lampe à huile. Pour celles et ceux qui en douteraient encore, le Président de la République vient de siffler la fin de la récréation. En assimilant aux Amishs et aux partisans de la lampe à huile les 70 élus de gauche qui demandent un moratoire jusqu’à l’été 2021 pour la 5G, il signifie tout simplement que la relance post covid ne sera pas écologiste. Il se contente de ringardiser les députés et maires, de Grenoble à Brinon-sur-Beuvron, qui s’inquiètent notamment da la dépense énergétique et des choix de civilisation portés par la 5G. La bataille des mots commence. Le progrès de la science et des techniques n’est pas opposable à l’enjeu climatique. Nous n’avons pas besoin d’une technologie au profit du capitalisme, mais bien d’une science tournée vers le progrès humain. La bifurcation est nécessaire, elle est urgente.
L’agenda de l’élection présidentielle de 2022 est en train de s’écrire. La République en Marche a sans doute peur que le thème de la crise climatique lui échappe, et pour cela elle le dénigre et ouvre un autre front, celui de l’insécurité en duettiste avec Marine Le Pen. Yannick Jadot tente actuellement une OPA pour apparaître un candidat crédible. Il emprunte les pas d’Emmanuel Macron et, voulant jouer dans la cour des grands, il reprend l’antienne de la lutte contre l’insécurité. Au moment où Gérald Darmanin, après Christophe Castaner, participe à la course à l’échalote avec le Rassemblement National en attaquant le maire de Grenoble, Éric Piolle, l’élu européen croit intelligent de se placer sur le même terrain, notamment en affirmant que « ce n'est pas simplement un sentiment d'insécurité, c'est une réelle insécurité. C'est une réalité. » On sait avec quel succès les ministres Manuel Valls ou Bernard Cazeneuve ont voulu faire mieux que la droite sur ce plan : cela se termine par un point à l’extrême droite qui en fera toujours plus dans la surenchère, là où il faut agir sans effets de manche. Le débat sur l’insécurité tend toujours à mettre au second plan les vrais enjeux : la crise écologique, l’emploi, la santé.
Pour 2022 les deux questions du progrès social et de l’enjeu écologique seront déterminants. Pour ce faire nous avons besoin d’une écologie populaire, et non d’un capitalisme vert. Ce projet appelle des ruptures fondamentales, qui ne peuvent être le fruit de compromis tactiques. Les sympathisants des verts, l’électorat inquiet de la crise écologique sont au pied du mur. Ils devront se méfier des imitations, portent-elles des habits verts depuis longtemps. La crise sociale et écologique est telle que seul un projet de transformation radical, planifié, de la société saura y répondre. C’est encore de révolution dont nous avons besoin.
Benoît Schneckenburger
Image par ADMC de Pixabay