Haro sur les chômeurs

Faire croire à une baisse du chômage pour faire passer de nouvelles mesures contre les chômeurs : tel est le scénario écrit par le gouvernement. Le ministre de l'économie Bruno Le Maire a ainsi déclaré en plein week-end de Pentecôte qu'il fallait « réduire la politique sociale pour l'emploi », en raison de la baisse du chômage. Pourtant cette baisse n'est que très timide selon les statistiques officielles. Une baisse qui est d'autant plus relative que le rythme des radiations de Pôle emploi reste à un niveau historiquement élevé. Et que le nombre de chômeurs partiels, en contrats précaires, augmente, tout comme celui des chômeurs de longue durée. Au total, plus de 6 millions de personnes sont toujours touchées directement par le chômage, dont plus de 3 millions en chômage total. Et à peine 40 % du total sont indemnisées.

Ne bénéficiant en rien de l'embellie économique vantée par le gouvernement, les chômeurs font au contraire l'objet d'un véritable acharnement politique depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Ils ont déjà été pénalisés par des mesures entrées en vigueur le 1er novembre : les seniors au chômage ont perdu 12 mois d'indemnisation (durée passée de 36 à 24 mois) et les droits de 800 000 chômeurs sortant d'emplois précaires ont encore été réduits. Alors que ses conseillers sont déjà débordés par le nombre de chômeurs à suivre, Pôle emploi s'est aussi vu amputer par le gouvernement de 300 postes permanents et de 1200 emplois aidés en 2018. Et cette charge anti-chômeurs va se poursuivre car le gouvernement planche sur une dégressivité accrue des allocations et un renforcement des pénalités - qui passeraient de 15 jours à 2 mois d'indemnités supprimées - contre les chômeurs jugés inefficaces. Ces mauvais coups sont enrobés dans le mirage de l'indemnisation des démissionnaires et des indépendants, alors que seulement 3 % des personnes concernées pourront en bénéficier, en raison des subtiles restrictions imaginées par les équipes de Macron.

Pour faire passer en force cette politique contre les chômeurs, un projet de loi organise la reprise en main technocratique de leur indemnisation au détriment des partenaires sociaux. Si l'on y ajoute la disparation des cotisations d'assurance chômage déjà programmée par le gouvernement, cela compromet l'existence même d'un régime d'assurance chômage en France. L'indemnisation serait ainsi toujours plus fluctuante et réversible au gré des contraintes budgétaires de chaque année et de chaque gouvernement. On s'éloigne ainsi non seulement de l'assurance chômage universelle promise par Macron, mais plus largement de toute perspective de sécurité sociale professionnelle. L'acharnement en cours contre les chômeurs est ainsi un véritable drame national qui concerne chaque citoyen soucieux de l'égalité devant le droit fondamental au travail. Encore un motif majeur de manifester dans toute la France contre Macron le 26 mai.

Laurent Maffeïs

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