Chasse : Très chers chasseurs

« Emmanuel Macron mettra toute son énergie pour répondre à nos demandes », assurait en mars dernier Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, ajoutant « il ne m’a pas déçu ». On n’aurait pas compris qu’il l’ait été. Publiée le mois d’août dernier au JO, l’aide publique pour la FNC a crû en 5 ans de 42 450% ! De 27 000 euros en 2017, elle s’est hissée en 2021 à 11,46 millions d’euros. Macron pratiquant une autre chasse, celle des voix, a su trouver de l’argent magique pour se concilier les 1,1 millions de chasseurs.

Pour qu’il n’y ait pas d’hésitations d’isoloir, Willy Schraen avait même dégainé le programme du candidat Macron en avant-première : « l’indemnisation des dégâts de gibier, une police rurale de proximité, le maintien des chasses traditionnelles… » Pour bien enfoncer le clou, il précisait qu’il allait voter Macron, agitant le spectre d’un Mélenchon avec lequel « il n’y aura plus de chasse ».

Avec la loi chasse de 2019 qui a divisé par deux le prix du permis national, de 400 à 200€, et avec le versement par l’État d’une éco-contribution de 10€ pour tout permis validé, la FNC s’est retrouvée avec « un pognon de dingue ». De quoi renforcer les ambitions de Willy qui a proposé que l’entrave à la chasse (contravention pour l’heure de 1500€) soit réprimée plus durement. Mais surtout que des chasseurs des fédérations départementales puissent « contribuer à la prévention et à la surveillance des territoires », avec la possibilité de « dresser des procès-verbaux et constater des flagrants délits » suppléant ainsi les agents de l’ONF. Avant de s’y substituer sur certaines de leurs missions ?

Bien sûr affirme la FNC, la gestion du pactole est transparente. L’éco-contribution de 10€ augmentée de 5€ par chaque chasseur doit servir à l’aménagement, préservation, etc. de la biodiversité. L’OFB (Office français de la biodiversité) doit avaliser les projets portés par la FNC. Mais ils sont « de très faible qualité voire mauvaise, pouvant parfois aller à lencontre de nos missions », constate son conseil scientifique estimant qu’il faut peut-être « se désengager du dispositif ».

La Cour des comptes sollicitée d’aller y voir de plus près rendra son rapport en 2023. En attendant, Macron la joue sereine et planificateur : « on a besoin de réguler. » L’argument fait certainement s’esclaffer, en privé, Willy Schraen. A une journaliste de RMC qui l’interviewait sur le sujet, il a déclaré : « Tu penses qu’on est là pour réguler ? (…) T’as pas compris qu’on prend du plaisir dans l’acte de chasse ? (…) J’en ai rien à foutre de réguler ! »

Jean-Luc Bertet

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