Augmentez (vraiment) le SMIC !

Stupeur ! Une députée macroniste dit devoir « manger plus souvent des pâtes » et même « ressortir des vêtements de la cave » depuis qu’elle a été élue ! Mais dans quel monde vivent-ils ?

Voyons le bon côté des choses, cette députée sera sans doute d’accord pour dire qu’il faut augmenter le SMIC ! Et pour dénoncer la hausse minimale et automatique de 1,24% annoncée pour le 1er janvier sans aucun coup de pouce du gouvernement ! Car si elle n’arrive pas à boucler son budget avec 5 782 euros net par mois, comment font les 3 millions de salariés au SMIC, touchant un salaire de 1150 euros net par mois à condition d’être à temps complet ? Cela concerne plus de 10% des salariés du privé en France, quasi exclusivement ouvriers et employés, souvent plus jeunes et davantage à temps partiel que les autres salariés. Sans oublier les intérimaires, les salariés agricoles, ceux du public. Et tous les salariés dont le salaire est directement ou indirectement soutenu par une hausse du SMIC via un effet « de diffusion » démontré à plusieurs reprises par des études économiques. S’attaquer au SMIC, c’est s’attaquer aux salariés déjà les plus précaires.

Le SMIC est pourtant la prochaine cible de M. Macron. Le plan est connu : on charge un idéologue déguisé en économiste pour rendre un rapport brutal et permettre au gouvernement de présenter un vrai recul comme un « moindre mal » par rapport au-dit rapport. Le rapport rendu début décembre par Gilbert Cette est fait pour créer une ambiance. Cet homme a été nommé dans ce but : ses positions anti-SMIC étaient connues de longue date. Il propose ni plus ni moins le refus de tout coup de pouce et, pire, la fin de toute revalorisation automatique SMIC : perte de pouvoir d’achat garantie. Le ministre Le Maire a beau jeu de dire qu’il ne veut pas remettre en cause l’indexation sur l’inflation. Elle est au plus bas. Et cela ne l’empêcherait pas de supprimer l’indexation sur le salaire ouvrier de base, plus dynamique. Au passage, le débat sur le SMIC a déjà effacé toute idée de coup de pouce alors que le dernier vrai coup de pouce remonte à plus de 10 ans. Et le gouvernement Macron a été obligé de mentir pour annoncer que la hausse automatique au 1er janvier 2018 représenterait 35 euros net par mois alors qu’elle ne représentera que 20 euros par mois jusqu’au 30 septembre 2018 soit pendant 9 des 12 prochains mois !

Augmenter le SMIC est une urgence. Urgence sociale pour permettre aux travailleurs de vivre dignement de leur travail. Comment peuvent s’y opposer ceux qui prétendent défendre « la valeur travail » mais sans payer le travail à sa juste valeur ? C’est une urgence féministe aussi quand une majorité de salariés au SMIC sont des femmes, souvent à temps partiel. C’est une urgence écologique. Consommer mieux, consommer une alimentation bio par exemple, coûte plus cher : les smicards n’aspirent pas à la mal-bouffe et au low-cost par plaisir !

Insensé au plan économique ? C’est le contraire. Augmenter le SMIC c’est relancer l’activité par des consommations de qualité et écologiquement soutenables. Que certaines petites entreprises aient besoin d’aide pour y faire face est vrai. Mais l’Avenir en commun propose des solutions solides : pôle public bancaire et escompte à taux zéro pour libérer les PME des banques, création d’un fonds de solidarité inter-entreprise pour mutualiser la contribution sociale et mettre à contribution les grandes entreprises, les groupes, les donneurs d’ordre.

La hausse du SMIC ne fera pas fuir les entreprises car le SMIC est d’abord versé dans des activités non délocalisables : restauration et notamment restauration rapide, nettoyage, aide à la personne. Personne n’ira manger son hamburger à Shanghai parce que le SMIC aura augmenté au Mac Do du coin de la rue ! Et pour les secteurs soumis à concurrence internationale, quel est l’horizon ? Baisser

le SMIC en France pour être « compétitifs » avec l’Ukraine, la Turquie, le Bangladesh ? C’est une spirale sans fin qui épuisera les être humains et la planète. Le progrès social, le protectionnisme solidaire et la relocalisation écologique sont des voix plus sages et plus sûres.

 

Matthias TAVEL

Partager cet article...
Share on Facebook
Facebook
Tweet about this on Twitter
Twitter
Email this to someone
email