19 septembre 1898 : Crise de Fachoda

Le XIXe siècle est celui de la colonisation de l’Afrique par les puissances européennes. Dans ce mouvement, la course à la colonisation fait rage. C’est à Fachoda, sur le Haut Nil, dans la région du Soudan que la concurrence franco-britannique atteint son point culminant. La région du Soudan est alors stratégique pour les deux puissances. D’un côté, les Français souhaitent relier par chemin de fer Dakar à Djibouti, de l’autre, les Britanniques souhaitent construire un chemin de fer entre Le Cap en Afrique du Sud et Le Caire en Égypte. La ville de Fachoda se trouve à l’intersection de ces deux projets.

La décision française de faire une expédition dans le Haut Nil date de 1894 quand le ministre des Colonies, Théophile Delcassé en donne l’ordre. La colonne des troupes françaises dirigée par Jean-Baptiste Marchand arrive à Fachoda le 10 juillet 1898. Cette colonne est alors composée d’officiers européens, de 250 tirailleurs sénégalais et de milliers de porteurs. Les Britanniques, quant à eux, sont présents en Égypte depuis 1882. Après une première défaite en 1885 face aux mahdistes soudanais (dirigés par le chef politique et religieux Muhammad Al-Mahdi), les Britanniques lancent une reconquête et l’emportent lors de la bataille de d’Omdurman début septembre 1898. Lord Kitchener, commandant son armée de 20 000 hommes, continue ensuite son expédition vers le Haut Nil où il découvre le drapeau français le 18 septembre.

Le lendemain, une rencontre a lieu entre Jean-Baptiste Marchand et Lord Kitchener. Ce dernier demande aux Français de quitter les lieux, arguant de sa supériorité numérique. Selon le rapport de Marchand, la rencontre reste cordiale. Au moment où Marchand affirme son intention de maintenir la position quitte à mourir, Kitchener lui répond : « Oh, il n’est pas question de pousser les choses aussi loin. Je comprends que chargé d’exécuter les ordres de votre gouvernement, votre devoir vous commande de rester à Fachoda jusqu’à ordre contraire […] nous laisserons les choses en l’état jusqu’à la décision de nos gouvernements. »

Le gouvernement français n’était pas prêt à aller jusqu’à la guerre, tandis qu’en Angleterre, le « camp impérialiste » représenté au gouvernement en agite la menace. De plus, la Royal Navy multiplie les démonstrations de force devant des ports français. En novembre, la France cède et Marchand retire ses troupes.

Cet épisode permet un rapprochement diplomatique entre les deux pays menant à la signature de l’Entente cordiale en 1904.  

Paul Brice

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