Miraculé provisoire

Sauvé une fois par Notre-Dame, le Président Macron ne l’a pas été une seconde fois. Il a bien fallu qu’il fasse ses annonces la semaine qui a suivi l’incendie. Aurait-il entendu sinon écouté les revendications des Gilets Jaunes ou même celles des maires qu’il a visités avec tant d’ardeur ? Aurait-il tiré les conséquences des demandes instantes de « soleil », d’égalité et de démocratie, mais aussi de respect et de solidarité ?

Las, sa conférence de presse façon maître d’école sur estrade a déçu. Pas parce qu’il n’a rien dit. Mais parce qu’il a répété ce que lui et ses porte-parole disent depuis 2 ans : « Notre politique est la bonne. Donc nous ne dévierons pas du cap assigné parce que c’est le bon. Notre pays a besoin de changement parce que le monde change. Et le changement que nous proposons est le meilleur. » Difficile de résister nerveusement à cette litanie dogmatique.

Mais il a aussi précisé (un peu) de quoi sa politique serait faite dans cette nouvelle partie du quinquennat. En l’occurrence, il prévoit toute une série d’approfondissements de ce qui a été entamé la première année. Sauf que c’est justement ce qui a fait sortir notre peuple de ses gonds.

Contre l’injustice fiscale ? Au lieu d’entendre la demande de faire payer les très fortunés à hauteur de ce qu’ils gagnent, il entend « baisses d’impôts » et « suppression de quelques niches fiscales » aux entreprises (heureusement compensée par quelques nouvelles aides). Ce qu’il promet aussitôt ; trop heureux d’appliquer des préceptes libéraux par excellence. Pour faire passer l’absence de retour à l’ISF, il se contente de « confier à la Cour des comptes la mission d'évaluer précisément les sommes qui échappent à l'impôt et de proposer des mesures précises ».

Contre la dégradation de la démocratie ? Au lieu d’entendre la demande d’implication populaire via le RIC national et la refonte complète de la constitution par les citoyens eux-mêmes, il croit qu’on plébiscite déjà sa réforme des institutions dont le peuple sera exclu de la conception. Rien de nouveau à part la révision du référendum d’initiative partagée, la création d’un « droit d’interpellation des élus » via l’inscription d’une question à l’ordre du jour d’une assemblée locale et la transformation du Conseil économique, social et environnemental (CESE) en Conseil de la participation citoyenne composé en plus de ceux qui y sont déjà de citoyens tirés au sort mais minoritaires et toujours confiné à un pouvoir purement consultatif.

Contre la perte de pouvoir d’achat ? Rien ou presque puisque le salaire minimum ne bougera pas ; pas plus que le point d’indice ou le niveau des retraites qui ne seront pas toutes réindexées.

Contre la disparition des services publics ? Un pauvre guichet unique « Maison France services » pour cacher la misère.

Contre le réchauffement climatique ? 150 tirés au sort pour donner un avis… Sur quoi ? On ne sait pas.

Il est temps qu’avec le soutien des syndicats, associations, collectifs et organisations politiques, les Gilets Jaunes fassent peuple pour désarmer ce pouvoir toxique.

Charlotte GIRARD

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