Démocraties malades de l’argent

L'élection de Trump aux Etats-Unis n’est pas un phénomène politique isolé dans le temps et dans l'espace. Elle marque une étape importante dans la décomposition des systèmes politiques du nouvel âge du capitalisme, et notamment des pays qui en constituent le cœur, USA en tête. Ces systèmes politiques ne sont plus que des démocraties de façade. Cette campagne présidentielle états-unienne a aussi aggravé toutes les tares anti-démocratiques fondamentales de la constitution de ce pays. Une personne sur deux n'y vote pas. Le nombre de suffrages populaires obtenus à l'échelle du pays n'est pas le critère déterminant de l'élection, puisque Mme Clinton a obtenu plus de voix que M. Trump. Personne n'y est d'ailleurs élu avec une "majorité" de voix. Un nouveau record historique d'argent collecté et dépensé par les candidats a été atteint. Et les médias construisent, à travers les primaires et les sondages, une réalité factice totalement déconnectée des préoccupations du peuple et de ses conditions d'existence.

Tout est ainsi fait pour que les citoyens soient mis dans l'impossibilité de faire un choix rationnel. C'est le dégoût qui devient le sentiment majoritaire dans un tel système politique. Le scrutin n'y est plus qu'une dés-élection où le principal enjeu est de démobiliser les électeurs potentiels de son adversaire. Trump est le symptôme victorieux de cette démocratie malade d'avoir tué la citoyenneté. Cette irruption de Trump n'a été possible que parce que la ligne Clinton a rendu impossible une expression progressiste et majoritaire du peuple. Les idées progressistes, socialistes, en résumé "de gauche" incarnées par Bernie Sanders, se sont retrouvées sans candidat, sans représentation politique. Alors que dans le même temps Trump réussissait une forme de réancrage populaire de l'idéologie de droite, sous une forme "sudiste" bien connue de l'histoire états-unienne. La masse du peuple a ainsi été divisée par le discours racial de Trump. La séparation des victimes du capitalisme en deux camps selon leur couleur de peau a dissout toute dynamique majoritaire de défense de leurs intérêts de classe.

Toutes les démocraties malades du règne de l'argent sont menacées du même naufrage. Ceux qui espèrent un autre destin pour la France doivent se persuader qu'aucun espoir de redressement démocratique ne viendra des oripeaux du système lui-même et de ses piliers institutionnels et médiatiques. La refondation ne peut venir que de l'action des citoyens eux-mêmes. Elle est donc à la portée de chacun.

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