5 mai : Maintenant le peuple !

Emmanuel Macron joue l’anti-république. Il a décidé d’incarner l’Ancien régime à lui tout seul. On le savait apôtre de la monarchie présidentielle du moi-soleil. Sa révision constitutionnelle le confirme : parlement abaissé, pluralisme étouffé, double peine pour les citoyens privés de représentants et sans aucun pouvoir supplémentaire d’expression directe. Le voilà désormais engageant seul le pays dans une guerre en Syrie porteuse de lourds dangers pour la paix du monde.

On savait Macron bienfaiteur des puissants et du MEDEF, patronat de droit divin. Le voilà soucieux de recréer de nouvelles féodalités : ici des trains privés pour ceux qui pourront les payer, là des lois régionales sous couvert de « pacte girondin », ailleurs encore des présidents d’université tout puissants sélectionnant leurs étudiants selon leur bon plaisir. Partout, c’est le recul de l’intérêt général porté par le service public au profit d’une République transformée non En Marche, mais en marché. « Quand tout sera privé, on sera privé de tout » dit avec lucidité un slogan récent contre ce triomphe de l’égoïsme des riches sur le bien public.

On en était là quand Macron voulut se faire aussi chef des croyants. Enfin de certains seulement. Il se rêve en chef de l’Eglise catholique française bafouant la laïcité de l’Etat. Appeler à « réparer le lien abimé entre l’Eglise et l’Etat » et vanter « l’engagement politique » des catholiques n’est pas seulement une provocation contre la loi de 1905 et l’ensemble des citoyens de toutes options philosophiques et spirituelles. C’est une faute. Une porte ouverte à « l’engagement politique » de tous les intégrismes et de tous les communautarismes. Une attitude antirépublicaine en somme.

L’appel à stopper Macron en est encore plus légitime. Il s’exprime et s’exprimera dans la grève des cheminots, dans celle des agents du service public, dans toutes les entreprises le 19 avril, dans toutes les villes et bourgs du pays le 1er mai. Le succès retentissant de la marche de Marseille le 14 avril porte cette ambition d’un front du peuple, mêlant organisations politiques, syndicales et associatives. Cet assemblage ne vise pas à corseter l’action populaire ou à la diriger mais à l’encourager et à lui permettre de se déployer pleinement en se mettant à son service. La tâche est désormais de construire le succès populaire de la manifestation nationale à Paris le 5 mai dans le même esprit.

Au-delà, la déclaration signée à Lisbonne le 12 avril entre Podemos, la France insoumise et le Bloco portugais ne pouvait mieux tomber. Intitulé « Maintenant le peuple », elle est plus qu’un encouragement au combat. Elle appelle à « rompre avec le carcan des traités » européens et faire advenir une « Révolution citoyenne en Europe ». La feuille de route est tracée : la révolution citoyenne contre l’Ancien régime. L’heure est à l’offensive.

Matthias TAVEL

Image: Yetiblog

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