25 août 1871: Dissolution de la Garde nationale

Le 25 août 1871, est promulguée la loi « qui dissout les gardes nationales » et ordonne la remise de leurs armes aux arsenaux de l’État. Trois mois après l’écrasement de la Commune, le gouvernement de Versailles prend acte du rôle prépondérant de la garde parisienne dans l’insurrection. Il marque la fin définitive d’une institution révolutionnaire, dont la fonction sociale a considérablement varié.

Lorsqu’elle naît à l’été 1789, d’abord à Paris, elle a pour but la défense des institutions nouvelles et de la sûreté des biens et des personnes. Milice bourgeoise, organisée sur une base territoriale dans les nouvelles circonscriptions administratives, elle recrute parmi les seuls citoyens « actifs », électeurs donc contribuables aisés. Ceux-ci paient eux-mêmes leur uniforme et leur équipement, et élisent leurs officiers. Au besoin, ils interviennent contre les soulèvements des sans-culottes.

La République ouvre la Garde à tous les hommes : le droit de porter les armes est alors un moyen de contrer le retour de la tyrannie. Cette milice populaire trop insubordonnée se range lorsque le Directoire rétablit le cens. Les régimes successifs s’en méfient. Peu efficace, elle est mise en sommeil dans certaines provinces. La garde parisienne est dissoute en 1827 par Charles X, qui la soupçonne d’insoumission.

L’insurrection des Trois Glorieuses de 1830 marque son retour en force, comme appui de la monarchie de Juillet. Elle rejoint pourtant la Révolution en février 1848, tout en réprimant les ouvriers insurgés en juin. Lors de son coup d’État de 1851, Louis-Napoléon Bonaparte s’empresse de dissoudre cette menace potentielle.

Ses premiers revers durant la guerre franco-prussienne le poussent à rétablir la Garde nationale en août 1870. Puis le gouvernement républicain y mobilise tous les hommes en âge de se battre et l’envoie au front : elle devient l’incarnation de la Nation en armes, plusieurs unités s’illustrent dans la défense de Belfort ou de Paris. Après la défaite, le choix d’Adolphe Thiers de cesser le versement des soldes et de désarmer cette encombrante milice démocratique, aux officiers élus, précipite l’avènement de la Commune.

Par la suite, le pouvoir confie le monopole du maintien de l’ordre à des corps professionnels, dénués de tentations insurrectionnelles : police (initialement municipale) dans les villes et militaires de la gendarmerie. La « Garde nationale » créée en 2016, simple regroupement des réserves militaires et civiles existantes, n’est que la pâle évocation d’une prédécesseure au rôle ambigu et parfois subversif.

Thibaut Langlois

Photo : Commune de Paris 1871 - Gardes nationaux sur les ruines de la colonne Vendôme

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