19-20 mars 1871 : La Commune avant la Commune

Ce dimanche 19 mars 1871, Paris semble paisible. Les rues sont calmes. Hormis quelques barricades, rien n’indique que, la veille, le gouvernement d’Adolphe Thiers et ses fonctionnaires ont fui la ville devant la révolte des gardes nationaux.

Ces Parisiens en armes, mobilisés pour défendre la capitale contre les Prussiens, se sont spontanément constitués en Fédération quelques semaines plus tôt. Des délégués élus forment son organe exécutif, le comité central. Les « fédérés » se sentent trahis par un gouvernement monarchiste, pressé de capituler pour faire revenir l’ordre et qui tente de les désarmer. C’est d’ailleurs sa tentative d’enlever leurs canons postés à Montmartre qui a déclenché l’insurrection.

Face à la vacance du pouvoir, le comité central s’est installé à l’Hôtel de ville. Prévenant les débordements, investissant les ministères, il prend quelques mesures d’urgence. Le versement de leur solde aux gardes nationaux notamment : une nécessité pour les plus modestes, enrôlés en masse et laissés sans subsistance. Des délégués prennent en charge les fonctions exécutives afin d’assurer la continuité des services municipaux. Prudents et scrupuleux, ils négocient l’octroi des crédits nécessaires auprès de la Banque de France, empruntant le solde à la banque Rothschild.

Le 20 mars, le moratoire suspendant le paiement des loyers est rétabli, les expulsions locatives interdites, la vente d’objets déposés au mont-de-piété par les nécessiteux, suspendue. La parution d’un Journal officiel fédéré débute.

Mais la priorité du comité central reste la remise du pouvoir à des représentants élus des Parisiens. Des élections sont annoncées, à l’échelle municipale. Si l’on rompt avec le gouvernement, pas question pour autant de le renverser. Réfugié à Versailles auprès de l’Assemblée nationale, ce dernier condamne mais n’agit pas immédiatement. Il s’assure du soutien de la province tout en préparant la contre-offensive.

Chargés par lui d’administrer Paris, les maires d’arrondissement élus en novembre 1870, républicains pour certains, tentent de négocier avec le comité central. Celui-ci réclame des garanties : libertés locales, pérennisation de la République, mesures d’urgence sociale. Mais nul accord n’aboutit.

La situation reste calme, la presse gouvernementale continue de paraître. Mais, présage de la violence, le 22 une manifestation des « amis de l’Ordre » dégénère, faisant plusieurs morts. Les élections ont finalement lieu le 26. La « semaine de l’incertitude » s’achève : le 28, le conseil de la Commune s’installe à l’Hôtel de ville.

Thibaut L.

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