Goodyear – Une justice de classe
Le 12 janvier, le tribunal correctionnel d'Amiens a condamné huit anciens salariés de l'usine Goodyear qui avaient retenu pendant une journée, sans violence, deux cadres dirigeants de leur entreprise. Les huit inculpés, parmi lesquels sept syndicalistes CGT, écopent de deux ans de prison, dont neuf mois fermes.
La brutalité du verdict a de quoi surprendre. D'abord parce que François Hollande avait, en 2011, rendu visite aux salariés de Goodyear et leur avait dit sa « solidarité », promettant qu'il défendrait avec eux « le droit syndical ». Ensuite parce que jamais au cours des dernières années – pas même sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy – une affaire semblable n'avait donné lieu à des peines de prison ferme. Enfin parce que, en application d'un accord de fin de conflit signé avec les salariés, les deux dirigeants retenus et l'entreprise avaient fini par retirer leurs plaintes.