En finir avec la loi El Khomri et son monde
Une large majorité de la France continue de s’opposer à la loi El Khomri en dépit de toutes les manipulations pour lui faire peur ou lui faire penser à autre chose. Ne sachant plus comment faire, ni quoi dire, Valls en est venu à demander carrément aux opposants d’annuler les prochaines manifestations « compte tenu des violences, de l’euro de football et de l’attentat contre un couple de policiers », sans que l’on voit nullement le rapport entre tout cela. Et si les citoyens n’acceptaient pas de renoncer par eux-mêmes à leurs droits démocratiques fondamentaux, Hollande lui-même en est venu à envisager en conseil des ministres de carrément interdire les manifestations. Une proposition d’abord avancée par le Front national !
Le fait que gouvernement lui-même incite ainsi à suspendre les droits fondamentaux reconnus par la loi le rend responsable de la montée des tensions dans la société. Et avec lui les médias dominants. Minutieusement réglé sur la communication gouvernementale, le son de cloche médiatique exprime une tonalité anti-sociale plus forte encore que par le passé.
Plus le gouvernement et les médias s’obstinent ainsi à affronter ou mépriser la majorité du pays insoumise à sa réforme, plus cela fait grandir la défiance au-delà de la loi elle-même, contre ses auteurs et le système oligarchique dont ils sont le produit. Les sept organisations syndicales mobilisées contre cette loi ont donc toutes les raisons de mener cette lutte jusqu’au bout, à commencer par le 23 et le 28 juin. Et jusqu’au mardi 5 juillet où viendra à l’Assemblée nationale la dernière chance démocratique de renverser le gouvernement avant les vacances d’été.
En empêchant cette expression démocratique à court terme, le gouvernement poussera les citoyens à résoudre dès la prochaine élection, c’est-à-dire en 2017, ce qui n’aura pas pu être résolu maintenant. D’une certaine manière, quelle que soit le sort de la loi El Khomri en 2016, le gouvernement a déjà perdu sur ce dossier dans la société. Ce sera un immense acquis du mouvement social même s’il ne réussit pas à court terme.
