Pas de pays sans paysans

Voici venu le ballet des candidats à la présidentielle au salon de l’agriculture. Tous aussi obligés et hypocrites que des incroyants qui se marient à l’église ! Tous sauf un, Jean-Luc Mélenchon, qui a préféré faire la démonstration de ses propositions agricoles sur une exploitation picarde, faisant la preuve par l’exemple que l’agriculture paysanne et biologique est viable et source d’emplois. Les autres se sont livrés à une surenchère de mots. Hollande aurait compris (enfin) le malaise paysan. Fillon croit que de nouvelles subventions et exonérations vont le résoudre, alors qu’elles n’ont rien résolu jusqu’à présent. Hamon a cru bon de saluer la mémoire du leader de la FNSEA Xavier Beulin, alors que celui-ci s’est opposé à toute redistribution des aides de la PAC. La palme des postures revient à Macron qui « aime tout simplement ce « mot » de paysan », tout en défendant la libéralisation européenne qui lamine la paysannerie.

Ce n’est pourtant pas qu’un mot, ou le vestige d’un vieux métier qu’on aimait bien, mais la base de la souveraineté alimentaire du pays qui est en cause. Car la situation agricole, et donc alimentaire, de la France est catastrophique. L’agriculture productiviste a intoxiqué les sols, ceux qui les travaillent et ceux qui consomment leurs produits. Parfois jusqu’à la mort avec l’épidémie de cancers liés aux pesticides. Mais aussi jusqu’à épuiser la terre elle-même, dont les rendements vacillent. Imposée au nom de l’efficacité, cette agriculture ne nourrit plus le pays. La France importe 60% des fruits et légumes qu’elle consomme, alors qu’en 1900 la région parisienne était autosuffisante en légumes grâce à une ceinture maraîchère très dense. Cette perte d’autonomie alimentaire se double d’un abandon du territoire, sans précédent dans l’ère moderne. Avec la baisse rapide du nombre d’exploitations, la déprise gagne dans les campagnes. La forêt occupe ainsi 15% de surface supplémentaire par rapport à 1789 alors que la population du pays a triplé. Et les terres restantes subissent massivement la pression urbaine et commerciale des promoteurs.

La planification écologique offre une solution radicale et globale pour affronter cette crise agricole majeure. Elle fait du bio une perspective pour tout le pays et tous les paysans, en interdisant les pesticides dangereux et les OGM. Elle offre des débouchés crédibles, par exemple avec l’objectif de 100 % de nourriture bio dans les cantines. Elle permettra ainsi de relancer le mix vital entre élevage et maraîchage au plus près des besoins des habitants. Un ingrédient essentiel de cette planification est le recrutement d’au moins 300 000 nouveaux paysans et la revalorisation de leur condition. Ils seront aussi le moteur de la reconquête de la souveraineté du peuple sur le territoire. Et permettront aux citoyens de reprendre ainsi le pouvoir sur ce qui les nourrit chaque jour.

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